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Zen, restons Zen. Petit décryptage de l’émission Allô Docteur* sur France 5 qui voulait probablement réconforter les personnes en stress au sujet des tiques et de la maladie de Lyme. Objectif certainement atteint, mais que j’ai du mal à avaler. « On n’a pas eu une augmentation explosive du nombre de cas, on n’a pas de difficulté de diagnostic particulière, en tout cas selon moi » indique le Professeur Caumes, chef du service des maladies Infectieuses et tropicales à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

Si ! le nombre de cas de Lyme explose : +50% entre 2017 et 2018 !

46.000 cas de diagnostics de Lyme sont annoncés officiellement en 2017 en France, contre 69.500 cas en 2018 si on se base sur la déclaration de la page du Ministère des solidarités et de la Santé en France*. Soit une augmentation significative de plus de 50% !

Cela montre ainsi qu’en 2018, le nombre de diagnostics de la maladie de Lyme en France dépasse largement ceux du cancer du sein : 69.500 cas de Lyme contre 59.000 cas de cancer du sein.

Les français, champions du traitement contre Lyme ?!?!!

« (…) aujourd’hui, je pense qu’on a vraiment tout ce qu’il faut pour traiter cette maladie correctement, la reconnaître à temps, la traiter avec suffisamment de fiabilité, et on a des traitements antibiotiques qui sont très efficaces ». Pr. Caumes

OUI, si on est dans le cas d’une maladie de Lyme avec érythème migrant ou lymphocytome borrélien, en phase primaire. Là, le traitement est efficace et les médecins et chercheurs ont la même analyse (voir Help ! Que faire en cas d’érythème migrant ?). Il faut rappeler que l’érythème migrant n’est pas automatique et que le petit symptôme grippal qui peut suivre la piqûre de tique, synonyme d’une maladie de Lyme débutante n’est pas souvent pris au sérieux ni par le patient, ni par son médecin traitant (faute de formation certainement). Et là, dans cet exemple… NON, la maladie n’est pas reconnue à temps et peut devenir nettement plus grave et difficile à traiter.

De plus, dans l’émission, les co-infections n’ont été évoquées que par les chercheurs interviewés (les co-infections sont d’autres agents infectieux qui peuvent être transmis par la tique en plus des borrélies). Ces bactéries, virus et parasites compliquent alors sérieusement le diagnostic des médecins mais aussi le traitement. Ce n’est justement pas pour rien que l’on parle de « maladies vectorielles à tiques ». Souvent, et cela a été mon cas, les patients ont toujours des symptômes invalidants s’ils reçoivent un traitement ciblé uniquement contre la maladie de Lyme, et ne prenant pas en compte les éventuelles co-infections.

Enfin le professeur Caumes annonce « La maladie de Lyme chronique, souvent en fait, ce n’est pas de la maladie de Lyme parce que quand les malades sont traités, ils guérissent ». Là je vous laisse méditer tellement c’est énorme…

* « La surveillance de la maladie de Lyme pour l’année 2018, réalisée par Santé publique France et le Réseau Sentinelles, a montré une augmentation significative du nombre de nouveaux cas de maladie de Lyme diagnostiqués en médecine générale en France entre 2017 et 2018 (104 cas pour 100 000 habitants contre 69 /100 000 en 2017). » (Source : Ministère des solidarités et de la Santé en France). Pour trouver le nombre de cas de maladie de Lyme, il suffit de rapporter ces données au nombre d’habitants en France (Sources : Eurostat) : 66,77 millions (2017) et 66,89 millions (2018).

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